Résistance
au programme de Sarkozy
Pour
lutter contre le « véritable
projet de société » que le
nouveau Président de la République française compte
imposer aux
français,
rappelons les
mesures phares de son
programme :
La précarisation généralisée de l’emploi :
c'est-à-dire la fin
du CDI. Désormais, l’emploi
sera
l’outil de flexibilité du patronat, une simple valeur d’ajustement de
l’économie. Pour eux, la classe ouvrière n’est qu’une source de main
d’œuvre !
Fin des augmentations de salaires :
Le « président des
patrons » ne souhaite plus d’augmentations de salaires et
préconise que
les travailleurs qui veulent accroître
leur pouvoir d’achat accomplissent des heures supplémentaires exonérées
de
charges patronales ! A quand la journée de 12 heures ?
Fin des
retraites par
répartition: La nouvelle équipe compte proposer aux salariés de préparer leur
retraite eux-mêmes
(comme chez son copain Blair) avec des
retraites dites « à la carte » permettant de liquider
le principe de
retraites par répartition… Bientôt les retraités français qui
percevront des
retraites de misère, devront à l’instar des retraités britanniques
occuper des
emplois à temps partiels pour survivre ! Comme
les Anglais tous dans la misère !
La remise en cause des acquis sociaux :
des coupes franches sont
prévues dans le budget de l’Unedic qui indemnise les demandeurs
d’emploi.
Dorénavant les chômeurs devront exercer une activité « imposée » pour
bénéficier d’allocations chômage ou du RMI. C’est le retour des travaux
forcés
!
Les soins à deux vitesses et la fin de la Sécurité
sociale pour tous.
Avec une franchise pour les remboursements de soins et le développement
de la
privatisation totale du secteur de la santé en France.
Qui pourra encore se soigner ?
La société Sarkozy c’est la société des héritiers :
« Tout
devient possible »… pour les plus riches ! En se prononçant pour la
suppression des droits de succession, c’est la concentration des
richesses dans
les mains des héritiers. Soignons
nos
riches !
Le "tout répressif" sera la règle sociale :
Alors
que sa politique en qualité de Ministre de l’Intérieur, contre
l’insécurité
n’a eu que des
résultats désastreux, le
nouveau président compte
poursuivre le
"tout répressif" en abaissant la majorité pénale de 18 à 16 ans pour
incarcérer d’avantage dans des prisons privées et promet de multiplier
les
mesures sécuritaires et inhumaines.
La
remise en cause des libertés
publiques : pour mieux museler les travailleurs,
Nicolas Sarkozy propose
la révision du droit
de grève pour les fonctionnaires avant
de s’attaquer au secteur public, aux entreprises nationales et privées.
La
liberté va-t-elle disparaître ? A quand la
prison pour les
syndicalistes ?
En matière européenne : Sarko a
mis au point un traité minimum
qui sera mis en place sans référendum ! Belle la liberté bleue !
La nouvelle révolution écologique passe
le développement des essais
transgéniques en plein champ et des
réacteurs nucléaires de 3eme et 4eme génération ! Après tout le
problème des
déchets ne concernera que les générations futures, alors pourquoi se
priver ?
L’enseignement deviendra un « privilège
» : avec le développement
de l’école privée au détriment du public. Nicolas Sarkozy souhaite
promouvoir l’enseignement
privé et supprimer
les Zones
d’Education Prioritaires qui permettent de développer les moyens des établissements
des quartiers les
plus défavorisés. Quel avenir pour nos enfants ?
Franchement, elle
vous tente cette nouvelle société de pauvreté et
d’injustice sociale ?
Refusons
cette politique qui
entend dresser les rmistes contre les smicards, les employés du privé
contre
les fonctionnaires, les français contre les étrangers ! Ne
soyons pas
dupes !
ENSEMBLE défendons nos acquis sociaux (la
sécurité sociale, la
retraite) l’indemnisation des chômeurs, la revalorisation du SMIC et de
l’ensemble des minima sociaux, le
pouvoir d’achat, un environnement de qualité
et l’enseignement pour tous !
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Un
dimanche soir, loin du Fouquet's...
(Témoignage)
Il est environ 19 h
30, ce dimanche 6 mai 2007, je suis passager d'une voiture
allant vers
Paris.
Le ton des voix émanant de l'autoradio -"soirée spécialement consacrée,
sur notre chaîne, au deuxième tour des élections présidentielles"-
n'annonce rien qui vaille et le chauffeur, qui vient de me dire avoir
voté
Sarko se réjouit. Je bous. Je me dis que ce n'est pas possible que les
Français
soient si étranges et si peu constants. N'ont-ils pas voté, il y a peu,
contre
une constitution européenne trop à droite selon eux? Ça sent le Sarko
qui
passe, ça pue, y aura-t-il du monde à la Bastille ? Il n'est pas encore
vingt
heures, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Je suis allé
voter, ce
matin, pour la première fois pour le PS, ça fait mal au bide. Mon
portable
sonne, une amie me dit qu'à Reims, quartier Croix-Rouge, ça bouge déjà,
elle me
rappellera plus tard. Sur la Nationale 2, les voitures s'en foutent.
Rue de
Solférino, les socialos veulent y croire.
Nous arrivons sur la
capitale lorsque l'annonce officielle est faite, qu'il est
vingt
heures, qu'il
est temps de s'habituer à du plus pire.
Il est temps de
descendre de voiture, l'ambiance y devient électrique. Le Sarkoziste
qui a eu
la gentillesse de me conduire me laisse à Pantin où le calme règne.
Tout le
monde doit être devant son hublot. Métro, direction Bastille. Dans le
wagon d'à
côté, douze flics viennent de monter et, à leurs visages crispés, on se
dit
qu'ils ne sont pas là pour une promenade et je suis bien content d'être
dans
l'autre voiture. Bastille, tout le monde descend, les flics, des gens
et moi
qui trace ma route, je veux sortir de la station avant tout contrôle à
la con
qui m'en empêcherait. Rue de Solférino, les socialos sont contents
quand même.
Vite, de l'air ! Pas
de chance. L’air, que Sarko nous vendra bientôt à prix fort, est déjà
vicié,
lacrymogénisé ! Ça gueule déjà de partout. A peine à l'air libre, on
voudrait
s'enterrer, c'est la guerre et il n'est pas neuf heures!
>Autour
du génie juché
sur sa colonne, ça court déjà dans tous les sens. Par téléphone, mon
amie
rémoise m'annonce que ça crâme un peu, que les flics sont déjà là, je
cite.
Je
tente de faire rapidement le point. Combien y
a-t-il de manifestants ? Je cherche des drapeaux, c’est
toujours utile
pour voir qui est là, retrouver des amis. Des drapeaux, il y en a un ou
deux.
Noirs. C'est tout. S’il y a mille à mille cinq cent personnes, c'est
tout. Ce
n'est même pas sûr. Côté forces de l'ordres, il y a du monde ! CRS,
gardes
mobiles, gendarmes, policiers ! Toute la famille poulaga et militaire
réunie,
la troupe est là et semble bien contente de l'être. Ça matraque, mais
pas trop.
En revanche, ça gaze ! Le camion anti-émeute balance à qui mieux mieux
sa
flotte astringente, c'est le bordel ! Demain, dans Libé, on lira que
pas moins
de quatre-vingt une compagnies étaient mobilisées, soit trois mille
personnels
! En gros, pour résumer, le rapport était de deux flics pour un
manifestant.
La place est enfoncée
par lArticle d'Alternatives Economiques, août 2007es CRS
qui se concentrent côté Opéra, acculant des
dizaines de
manifestants, dont je suis, contre les marches du bâtiment et contre
les baies
vitrées qui, c'est étrange, ne tombent pas, au contraire des grenades.
La foule
compacte et quelque peu craintive de la situation glisse le long des
murs vers
la rue de Charenton. Les slogans sont encore les seules réponses aux
flics qui
ont déjà ramassé du monde. De temps en temps, une canette s'écrase
quelque
part, c'est encore tout. Les manifestants semblent bien vouloir éviter
l'affrontement, pas les
flics.
Sous la pression et une charge,
la
rue de Charenton
devient la seule issue, nous nous y engouffrons, les CRS
aux trousses.
Deux
voitures sont mises en barricade, elles brûleront plus tard, dans une
heure
environ. A cet instant; elles ont juste été changées de place. Les deux
extrémités de la rue de Charenton sont fermées. Une ou deux vitrines
tombent,
c'était inévitable mais ça ne dégénère pas. Les scooters et vélos garés
le long
du trottoir ne seront renversés que dans quelques minutes lorsque les
flics
remonteront la rue en marche arrière, après nous avoir chargé
mollement. En
attendant, on discute. Que devons-nous faire ? Tout détruire ? Faire un
sit-in
? Charger ? Chanter ? Les idées fusent mais nous restons coincés. Il ne
doit
plus être loin de 21 h. 30. Les flics ne chargent plus, ils veillent.
C'est
que, sur la place, ils ne s'en sortent pas !
Il faut imaginer la Bastille
avec
sa colonne, autour
d'elle des flics, autour d'eux, des manifestants et autour de ces
derniers,
encore des flics ! Une drôle de situation ! Tout le monde cerne tout le
monde
et les vitrines restent debout. Mais que font les casseurs ? Je me dis
alors
que les journaux auront du mal, cette fois et si ça continue comme ça,
à faire
croire à leur présence.
Le mot d'ordre
devient alors : tenons la Bastille, avec le moins de violence possible.
Mais
les esprits s'échauffent. Des pavés, posés non loin, comme bien
souvent,
sûrement à cause du hasard des travaux de la ville, commencent à voler.
Les
slogans deviennent de plus en plus hargneux. Des jeunes arborant des
autocollants MJS arrivent, ils se font un peu charrier : Y a plus de
champagne
à Solfé ? Ah, les MJS, on vous voit jamais d'habitude ! Tout cela avec
amusement et dans la bonne humeur.
Soudain, la rumeur
dit qu'une centaine de libertaires seraient en train de se
faire
lyncher rue de
la Roquette, que ça chaufferait sérieux ; qu'à Gambetta c'est le chaos
; qu'à
Gare de Lyon, idem. Ces nouvelles, vraies ou fausses, redonnent du
baume au
cœur à la Bastille. On charge vers la Roquette, on doit être une
centaine à
peine, on n'atteindra pas la rue. Qui étaient ces libertaires,
existaient-ils,
je ne sais toujours pas aujourd'hui.
Un moment de
flottement suit, les journalistes qui, pour une fois sont
du côté des
manifestants et, pour certains, l'affichent, en profitent pour
interviewer. Il
y a là une journaliste californienne, une italienne, un écossais, une
indépendante travaillant pour Ségolène Royal, etc.
Les
manifestants
dispersés autour de la place se réunissent, ce qui signifie que les
forces de
l'ordre ont relâché la pression, sans doute à dessein. Le mot d'ordre
est
alors d'aller vers la République, on a perdu la Bastille.
Evidemment,
c'est sous escorte
mieux que
présidentielle que le groupe de trois à quatre cent personnes descend
vers
République. Avec des haltes, avec une ou deux charges molles.
A République, il y a un char
d'assaut ! C'est un
ballon de baudruche des révolutionnaires pacifistes ! Enorme, le tank !
On se
regroupe derrière et, mains en l'air, nous avançons, les flics n'osent
plus
charger, des manifestants nous rejoignent et le cortège gonfle.
Un
sit-in, des chants, les flics
à deux pas de nous
font la gueule. Aux balcons, des spectateurs. Peu semblent ravis du
tapage. Il
ne doit pas être loin de minuit mais je ne sais plus trop et je ne
regarde plus
ma montre.
Nous sommes
délogés, une fois de
plus et nous continuons à ne pas provoquer, à ne pas chercher la
confrontation. Le cortège
repart mais les flics
s'énervent et c'est à nouveau la panique et le tank a disparu ! Ensuite
c'est
une fuite vers la rue du Temple, le cortège se divise en petits
groupes, certains
violents et voulant de plus en plus en découdre, d'autres de plus en
plus
fatigués. Sur le trajet, des vitrines tombent encore, très
sporadiquement. La
poursuite des manifestants se terminera, vers deux heures du matin, au
pied de
l'Hôtel de Ville.
Enfin, pas tout à
fait. Alors qu'à trois heures du matin, je repassais, seul, place de la
République, un groupe d'une quinzaine de personnes était assis au pied
de la
statue et chantait. Je poursuivais ma route après leur avoir demandé
si des
rendez-vous étaient prévus pour les jours suivants, ce qu'ils ne
savaient pas
plus que moi, lorsque j'entendis du bruit. J'étais à deux cent mètres
environ
lorsque je les ai vus se faire embarquer dans des cars de CRS, sans
ménagement
aucun. Ils ne faisaient rien d'autre que chanter.
Voilà un dimanche
soir bien triste. Non seulement Sarko était passé, non
seulement Ségo
faisait
celle qui avait gagné mais aucun parti de gôche n'avait pris la peine
de se
déplacer de façon visible. Se cachant derrière les mots de démocratie,
d'élections, de peuple s'étant exprimé et le politiquement correct ils
allaient même, dans les jours suivants, lancer aux délinquants, aux
casseurs
pour reprendre leurs termes, des appels au calme ! Pas un mot pour les
violences policières ! Pas un mot au sujet des peines de prison ferme
des
manifestants dont certains sont sans aucun doute innocents ! Pas un mot
pour
ces étudiants qui n'iront en prison qu'après avoir passé leurs examens
! Rien
de nouveau sous le soleil.
Depuis,
l'université
de Tolbiac a voté la grève et le blocage ! De nombreuses
grèves,
débutées avant
les élections se poursuivent ! Les luttes restent les mêmes partout.
Sarko va
s'attaquer au droit de grève, au Code du Travail, privatiser nos
facultés (sous
couvert d'autonomie),
notre sécurité sociale, notre école, etc. Des
manifs ont
lieu, vite réprimées. Des camarades sont en prison dont il faut exiger
la
libération. Nous sommes prévenus. En attendant, il était au Fouquet's...
A.O.
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Photos des
manifs du soir du 6 mai
Manif du 6 mai à Paris
Rafle du 9 mai sur le Boul' Mich'
Assemblée générale à Tobiac :
après la victoire de Sarkozy,
préparer les luttes à venir...
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